03/07/2013
Urticaire à l'Elysée : M. Hollande évince Mme Batho
...parce qu'elle se plaignait de son budget :
« Ce n'est pas un acte d'autorité, c'est une crise d'urticaire », ironisait ce matin Daniel Cohn-Bendit à propos du limogeage de Delphine Batho, ex-ministre PS de l'Ecologie. La voilà remplacée par Philippe Martin, député PS du Gers. M. Martin fait plus écolo que Mme Batho (je l'avais vu en 2008 à la journée anti-OGM de Paris, sur l'esplanade des Invalides)... Mais Mme Batho est punie pour avoir protesté contre la réduction des crédits de l'Ecologie ; la mission de M. Martin ne s'annonce pas dorée. De toute façon, Martin ou Batho, l'Elysée et Matignon vont capituler sur tous les fronts du free trade : gaz de schiste, OGM ou poulet US à l'eau de Javel [*]. La chose à retenir est plutôt le côté dérisoire de la posture de M. Hollande. Accusé de mollesse, il cherche à se montrer autoritaire ; mais il n'exerce cette autorité que contre les gens les moins dangereux. Mme Batho était peu connue, elle ne pesait rien au sein du parti, c'est donc sa tête frisée que M. Hollande montre au peuple ; d'autant que le peuple est censé fuir l'écologie, accusée de « tuer la croissance » - comme si l'on pouvait tuer les morts, et comme si l'écologie avait jamais été pratiquée par les gouvernements.
Bref : Mme Batho a désormais des loisirs. Elle devrait lire le livre des évêques français sur les enjeux de l'écologie ; c'est aux éditions du Cerf.
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[*] Rappelons-nous la brutalité de M. Ayrault (homme du kérosène dans le bocage) quand il exécuta la première ministre de l'Ecologie en 2012 : Mme Nicole Bricq avait eu la naïveté de se croire chargée du bien commun environnemental, et avait annulé des concessions de forage pétrolier au large de la Guyane... Les concessions ont été rétablies, à la satisfaction de Mme Taubira et de la Tullow Oil.
11:52 Publié dans Ecologie | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : écologie, hollande, batho, ayrault
Commentaires
JUSTICE IMMANENTE
> Lu le 24 avril sur 'Enerzine.com, L'énergie au quotidien' :
"La société Tullow Oil a annoncé hier l'échec du forage d'un troisième puits au large de la Guyane française, dans la zone même où une première découverte de pétrole il y a 2 ans, avait fait espérer de grosses retombées économiques.
Dans un communiqué, la compagnie pétrolière britannique indique avoir foré le puits 'Priodontes-1' à une profondeur totale de 6.318 mètres dont 1.750 mètres sous le niveau de la mer. Mais, "n'ayant rencontré aucun hydrocarbure dans le réservoir cible principal, le puits a été bouché et abandonné" a ajouté Tullow, partenaire de Shell et opérateur du permis d'exploration. La plateforme de forage 'Stena Ice Max' va prochainement être déplacée vers un autre site d'exploration baptisé 'Cebus'. Le forage de ce nouveau puits est attendu dans les deux prochaines semaines."
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Écrit par : perrin fillepouche / | 03/07/2013
FLUCTUAT
> Batho, Duflot… mergitur, Sed fluctuat ecologia ?
Les écolos (et moi) y perdons notre latin.
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Écrit par : Denis / | 03/07/2013
AU FOND
> au passage : pourquoi est-ce une compagnie anglaise qui fore dans un territoire français ????
EL
( PP à EL - Flower Pilgrim vous l'expliquera : c'est en vertu de la "communauté de valeurs atlantique". Les forages font partie des questions de fond. ]
réponse au commentaire
Écrit par : E Levavasseur / | 03/07/2013
INDEPENDANTISTE
> au passage 2 : Pourquoi, comment une indépendantiste peut-elle être ministre de la république dont elle ne veut pas chez elle ? du pays auquel elle ne veut plus appartenir ? membre du gouvernement dont elle ne veut pas l'autorité en Guyane ?
(et aussi : comment peut-elle parler sans cesse de l'esclavage alors qu'elle est pour la GPA ?)
EL
( PP à EL - Même réponse que précédemment. ]
réponse au commentaire
Écrit par : E Levavasseur / | 03/07/2013
AVEC OU SANS
> Avec ou sans Batho, de toutes façons, ce ministère de l'environnement ne sera jamais doté de voiles ni ne suscitera jamais la moindre vague.
Un article récent de La Décroissance (n°94), signé Pierre Thiesset, soulignait que depuis sa création il y a quarante ans, ce ministère est celui de la dépolitisation de l'écologie et de la docilité face à des intérêts que ce ministère a par dessus tout pour vocation de ne surtout pas bousculer.
Il est le parfait poste d'observation d'un Etat qui se condamne lui-même à l'impuissance.
Le nouveau ministre de l'écologie gentille et docile participera donc, au garde à vous, de la même comédie à laquelle ses prédécesseurs ont été contraints de se soumettre depuis quatre décennies.
Voici quelques témoignages éloquents de quelques uns de ceux qui ont participé de cette farce verte.
Robert Poujade (premier des 25 ministres de l'environnement) : «Entre 1971 et 1974, à plusieurs reprises des offensives vigoureuses furent entreprises contre le ministère de l'environnement. On essaya chaque fois de persuader le président de la République qu'il fallait écarter ce gêneur, soit par suppression pure et simple, soit par absorption dans un plus vaste ensemble (…) A la vérité, chaque mois, chaque semaine de notre existence a été un combat (…) La priorité des priorités était l'industrialisation du pays ; la croissance était pour lui (Pompidou) le critère de la réussite politique. »
Roselyne Bachelot (pour une fois bien inspirée) : « La pauvreté en moyens humains et budgétaires du ministère, eu égard à ses missions, n'a fait que s'aggraver, tandis que ses titulaires sont toujours considérés par leurs collègues comme des emmerdeurs qu'il faut réduire à la portion congrue. »
Huguette Bouchardeau : « Réputé marginal ou gênant, un ministère qui n'émarge qu'au millième du budget de l'Etat peut-il être un ministère sérieux. »
Dominique Voynet : « J'étais dépossédée de tout moyen d'agir. »
Corine Lepage : «Il est difficile d'imaginer, tant qu'on n'a pas vu fonctionner le système de l'intérieur, à quel point l'Etat est prisonnier des lobbies. »
Huguette Bouchardeau : « EDF n'est pas un lobby à proprement parler, c'est à dire une force extérieure à l'Etat : elle a ses représentants dans l'appareil. Les constructeurs automobiles ne sont pas des lobbies : ils ont leurs experts au ministère de l'industrie. Difficile parfois de reconnaître son interlocuteur : est-ce le pouvoir politique ou EDF, l'entreprise ou le ministère ? »
Corinne Lepage : « Les ingénieurs, imbus d'eux mêmes, détiennent aujourd'hui le monopole de l'expertise qui place tous les autres, politiques et citoyens, en état de dépendance. »(...) « La petite poignée de fonctionnaires que je dirigeais ne pouvait pas grand chose contre son armée impressionnante d'ingénieurs des Ponts, en général polytechniciens. »
Bref...
Nicolas Sarkozy : «L'écologie, ça commence à bien faire. »
... Alors vive l'écologie gentille et inoffensive, et concluons avec l'inénarrable Jean-Louis Borloo, par cet extrait de son libre " Babar le P'tit écolo" : « je n'oublie pas d'éteindre le radiateur pendant que la fenêtre est ouverte », « j'arrête l'eau quand je me savonne », « je ramasse soigneusement tous mes déchets après le pique-nique », « je les trie en choisissant la bonne poubelle », « je ne laisse jamais la radio en veille ». « Bonne nuit les enfants, faites de beaux rêves ».
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Écrit par : Serge Lellouche / | 03/07/2013
FLORILÈGE
> Ce qui est frappant, c'est l'inconséquence de tous ces ex-ministres de l'environnement, qui d'un côté font part de leur frustration d'avoir été réduits à l'impuissance, tout en ayant tous parfaitement intégrés le vocable mensonger du « développement durable », sans visiblement s'interroger sur le lien de cause à effet entre leur frustration et leur croyance;
Toujours dans le même article de Pierre Thiesset, petit florilège de ces inconséquences :
Huguette Bouchardeau : « Il est possible de concilier le respect de l'environnement et le développement économique. »
Michel Barnier : « Il faut refuser une dichotomie archaïque : production et protection, qualité de la vie et croissance, environnement et économie. Et parier sur leurs épousailles. » (Va marier le bon grain et l'ivraie!)
Corine Lepage : « Le problème n'est donc pas de freiner l'investissement et la croissance au nom du respect de l'environnement, mais de les rendre compatibles. Une croissance respectueuse de l'environnement ce n'est pas seulement, mais ce peut être aussi une croissance soutenue et durable. »
Roselyne Bachelot : «La protection de l'environnement peut améliorer la compétitivité de l'économie. » (Et oui, comme les revendications LGBT Rosie !)
Nathalie Kosciusko-Morizet : « La croissance ne sera plus jamais la même. » (Mazette!)
Ségolène Royal : « Une croissance durable, plus riche en emplois et tout aussi compétitive. »
Et le meilleur pour la fin, avec Chantal Jouanno, « ministre des fleurs et des abeilles » sous Sarkozy : « Un autre modèle de croissance qui remplace des ressources finies par des ressources renouvelables ou renouvelées est possible. Un autre modèle qui pose le principe de «l'impact zéro » sur la planète de notre production et de notre consommation est possible. La décroissance n'est pas l'avenir de l'humanité, elle en serait la fin. » (la croissance en étant l'espérance !)
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Écrit par : Serge Lellouche / | 03/07/2013
@ Serge Lellouche
> Le capitaine de pédalo n'a pas besoin de voiles. En plus il a peur des vagues ! LOL
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Écrit par : Antoine / | 03/07/2013
PGM
> "Il faut refuser une dichotomie archaïque" disait Michel Barnier, l'extrémiste européen. Ils ont leur solution: les PGM, les Politiques Génétiquement Modifiées.
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Écrit par : Pierre Huet / | 03/07/2013
CROISSANCE
> La croissance de... euh, la croissance de quoi? La croissance du taux de chômage ? celle des bas salaires ? ou celle des émissions de gaz carbonique ?
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Écrit par : Blaise / | 03/07/2013
> Elle n'avait qu'à s'appeler CAHUZAC et on la laissait tranquille.
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Écrit par : Recto-Verso / | 03/07/2013
SOINS
> Libérer le vocabulaire, en particulier le mot "écologie".
Sur cette photo, la personne brandissant une pancarte "une opération quand je veux" c'est un membre du Sénat :
https://twitter.com/thibauddP/status/352691198382718978/photo/1
Esther Benbassa, d'Europe Ecologie les Verts (qui, pour les gens sont "les écolos") : http://fr.wikipedia.org/wiki/Esther_Benbassa
Je passe sur le manque de dignité de quelqu'un censé représenter l'Etat et me limite à ce que réclame la pancarte, le droit à se faire opérer qd on veut :
-ce droit illustre l'absolu du subjectivisme sexuel : forcément absolu puisqu'il ne tient pas compte des réalités ; le LGBT est intrinsèquement totalitaire.
-ce droit ne peut aller sans remboursement par la Sécurité Sociale, ---sans obliger des chirurgiens à octroyer une part de leur temps à ce genre d'opération.
Je propose d'offrir à ces personnes des séances chez des psychologues et là je serais d'accord pour un remboursement car il s'agit d'un soin.
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Écrit par : E Levavasseur / | 04/07/2013
EDUCATION
> L'écologie commence par l'éducation. Quand certaines manifs laissent la rue propre et d'autres pas, il y a d'un côté un respect, de l'autre un irrespect. Quand on vous apprend à ne jamais jeter ni papier, ni gomme à mâcher; à faire à attention à la "trace" que vous laissez ou pas derrière vous, finalement on vous apprend à vous révolter face aux industries qui déversent fumées nocives dans l'air ou rejets en tout genre dans les égouts ou rivières.
L'écologie ne se décrète pas : elle s'apprend par l'éducation. Apprendre qu'il est plus facile et plus économique de recycler peu d'eau très sale que beaucoup d'eau peu sale; apprendre que la seule énergie propre est celle qui n'est pas consommée (la propreté c'est laisser toute chose dans le même état, or toute production d'énergie implique transformation). Pour cela il ne faut pas de grands moyens. L'enfant qui a appris cela pourra-t-il l'ignorer quand il aura des décisions politiques ou industrielles à prendre ? je ne le crois pas.
Donc même avec de petits moyens ce ministère peut faire de grande choses pour demain; demain étant ici l'échéance pour qu'une génération grandisse (20 ans).
Le problème est peut-on attendre demain ?
Les politiques se sont imprudemment placés sous la finance, qui enrichit quelques uns mais surtout ne vise que le gain immédiat sans voir les conséquences à terme. Mais maintenant que le climat se révolte (les assureurs s'en rendent compte), nos vieux dirigeant s'ils se soucient de leurs enfants vont être obligé d'y réfléchir.
Des africains disent que l'écologie est un soucis de riche, mais c'est en Afrique que l'on voit maintenant les dégât des sacs plastics (qui commencent à se faire moins nombreux dans nos champs et forêts), ce sont leurs dépôt d'ordures que l'on envahit. Et eux aussi vont commencer à réagir.
Nos politiques vont-ils, en sus de leurs dettes, laisser un monde invivable ?
Peut-on passer d'une économie prédatrice à une économie gestionnaire, tout en améliorant notre niveau de vie. Je n'ai pas la réponse, mais je crains que notre système nous entraîne vers une dégradation de notre milieu de vie.
A l'heure de la globalisation, il serait surtout temps d'évaluer chaque arbitrage dans une globalité : impacts en aval et en amont.
Et là on peut aussi se dire que si l'on replace l'Homme au centre, on ne peut l'isoler de son milieu. Ainsi l'homme n'a pas été fait pour son "jardin", et si jardin a été fait pour l'homme, n'oublions pas que pas que si l'homme a été mis dans un jardin et pas ailleurs, c'est sans doute que c'est ce qu'il y a de mieux pour lui. Donc veillons sur l'homme et son jardin.
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Écrit par : franz / | 04/07/2013
VALLOUREC
> http://www.lemonde.fr/planete/article/2013/07/04/pourquoi-delphine-batho-cible-le-groupe-vallourec_3442705_3244.html#ens_id=3440737&xtor=RSS-3208
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Écrit par : Christine / | 04/07/2013
@ Christine
> Merci pour cette bonne et mauvaise nouvelle :
M. Hollande n'obéirait pas qu'à M. Bergé !
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Écrit par : franz / | 06/07/2013
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